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CHUT, le projet

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Comment garder la maîtrise de soi et de son corps en société ? Cette question est au coeur de L’Art de se taire qui, dès sa parution en 1771, rencontre le succès. Son auteur, Joseph Antoine Toussaint Dinouart (1716-1786), ecclésiastique, traducteur et polémiste, érudit et bel esprit, propose à la société des salons et des dîners, qui craint alors la dissipation, le bavardage et les «mauvais propos», un modèle de comportement calqué sur ceux de la religion et de la Cour. Rien moins, donc, que l’art de dissimuler, d’avoir une bonne contenance et de tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler, un art qui, paradoxalement, accorde une importance toute particulière, au langage du corps, qu’il faut apprendre à décrypter... Comme le titre l’indique, le traité parle de l’art de se taire, du silence et de son pendant, la parole. L’abbé D. tente d’en expliquer les principes et la pratique. Son but est religieux mais ce n’est pas cet aspect qui a retenu notre attention. Dinouart attribue au silence plusieurs visages pour nous faire part de leurs significations. Il est un silence prudent, un silence artificieux, un silence complaisant, ainsi qu’un silence d’approbation, de mépris, moqueur, spirituel, stupide, politique, d’humeur et de caprice. Chaque silence répond à un cas particulier. Ce traité est pour nous un prétexte pour interroger la valeur des mots et du silence aujourd’hui, leur poids et la façon dont une société, submergée par la communication et le bruit, en fait usage. Quel poids accorder à la parole dans une société qui idolâtre la communication ? La mode est à la communication. Il faut communiquer. Mais ne pas parler, est-ce nécessairement ne pas communiquer ? Le silence ne peut-il pas être en lui-même signifiant ? Nous ne souhaitons pas faire l’apologie du silence face à l’excès de communication. Notre objectif est d’interroger le silence lorsque beaucoup de bruits l’entourent. Notre projet consiste à mettre en commun tout ce que ce texte L’Art de se taire suggère comme images, comme réflexions à travers nos différentes pratiques : le corps, le théâtre, l’objet, la voix, la lumière, l’image, les arts plastiques... afin de pouvoir ouvrir un champs de possibles autour du silence et de la réflexion sur le langage.